Buteur la semaine dernière à Caen, le milieu offensif prêté par le PSG est un des plus grands espoirs de sa génération. Portrait d’un jeune homme timide et pétri de talent
« C’est un jeune joueur qui doit progresser dans la finition, mais quand il prend le ballon, il se passe toujours quelque chose. » Cette phrase signée du coach montpelliérain Jean-Louis Gasset résume à merveille les qualités de Jonathan Ikoné. Car il ne suffit que de quelques minutes d’entraînement pour se rendre compte que ce gamin de 18 ans, prêté en janvier dernier au MHSC par la PSG, a du feu dans les jambes. La vitesse, les dribbles, l’élimination en un contre un, c’est son truc !
Ce « truc en plus », le gamin de Bondy dans le 93, troisième d’une famille de 5 enfants l’a toujours eu… et les recruteurs du PSG n’ont pas mis longtemps à le repérer. Après avoir évolué au sein du club de sa ville natale, Jonathan a rejoint le club de la capitale à l’âge de 12 ans et a gravi chacun des échelons de son club formateur – où il est pourtant dur de percer tant la concurrence est rude – sans sourciller. Aux côtés de la génération dorée des Kimpembe, Augustin, Nkunku ou Callegari, Jonathan s’est forgé un palmarès plutôt fourni, gagnant notamment un tournoi au Qatar ainsi que le titre de champion de France U19 la saison dernière (succès 2-1 contre Lyon), après avoir échoué de justesse en finale U17 la saison précédente contre Lorient sur le même score (Jonathan avait d’ailleurs inscrit le but parisien). Mais la plus belle aventure reste sans doute celle qui a mené les U19 parisiens en finale de la Youth League (la Ligue des Champions des jeunes) la saison passée : « On avait joué contre Malmö, l’AS Rome et le Real Madrid notamment, avant de perdre de justesse en finale contre Chelsea (2-1), raconte Jonathan. C’était une superbe aventure au cours de laquelle on s’est vraiment régalé. J’ai joué cette compétition deux saisons d’affilée et disputer ce genre de matchs m’a vraiment beaucoup apporté car le niveau est assez élevé. On rencontre ce qui se fait de mieux dans notre catégorie d’âge. On avait une sacrée équipe avec de la qualité individuelle à tous les postes mais surtout un super collectif. »
Dans la foulée de cette expérience étoilée, cet admirateur de Ryad Mahrez a intégré l’effectif pro en juillet dernier après avoir pris part à quelques entraînements la saison passée. Et lorsqu’on lui demande ce que cela fait de s’entraîner au quotidien avec Cavani, Di Maria, Verratti ou Thiago Motta, le Champion d’Europe U17 avec l’équipe de France en 2015 répond avec des étoiles dans les yeux : « C’est quelque chose de magique. La première fois que je me suis entraîné avec eux je les ai regardés, j’apprenais leurs déplacements et puis c’est allé tout seul. La force de ces joueurs-là, c’est qu’ils arrivent à te mettre à l’aise. Ils ont été super sympa avec moi. Les jeunes de ma génération qui étaient déjà dans le groupe comme Kimpembe ou Augustin m’ont beaucoup aidé. Du côté des plus anciens, je retiens surtout Maxwell avec qui j’évoluais sur le côté. Il m’a beaucoup conseillé. Même si tu apprends à chaque match que ce soit en U19 ou en CFA, tu apprends beaucoup plus vite au contact de tels joueurs. » Après avoir découvert la L1 en première partie de saison avec son club formateur, Jonathan Ikoné (4 apparitions en championnat et 2 en Coupe de la Ligue avec le PSG), a choisi de rejoindre le MHSC au mercato d’hiver. Un choix qu’il explique avec simplicité « Être prêté ici est un très beau challenge pour moi, avoue-t-il. Je souhaitais avoir plus de temps de jeu et Montpellier m’offrait cette opportunité. De plus, jouer ici est très différent car on a forcément moins la possession du ballon qu’au PSG et c’est dans ces conditions que l’on va réellement voir ce que je suis capable de faire sur le terrain. C’est un moyen de m’étalonner de montrer ce que je vaux. Je suis très heureux d’être ici. »
S’il a été légèrement ralenti par une blessure à la cheville, cet ailier rapide, puissant et fin techniquement, passeur décisif dès son premier match à La Mosson contre Bastia, a apporté une réelle plus-value à l’effectif montpelliérain où ses qualités de percussion et d’élimination en un-contre-un sont venues élargir la palette offensive du MHSC. « Je savais que Montpellier avait été champion de France et qu’il y avait de bonnes conditions ici pour s’épanouir, poursuit-il. J’ai été très bien accueilli et, de mon côté, j’essaie de me fondre dans le collectif et d’apporter un maximum à l’équipe. J’aime bien avoir des responsabilités, qu’on me donne des tâches à faire et c’est le cas. C’est un très bon défi pour moi. »
et je suis persuadé qu’on a les capacités pour remonter au classement. J’ai confiance
en ce groupe
Un défi dont la prochaine étape sera la venue du FC Lorient samedi soir à La Mosson. Un duel face à un concurrent direct pour le maintien que le néo-montpelliérain aborde avec beaucoup d’envie et de détermination. « C’est un match important, c’est vrai, mais je sens que le groupe est prêt. Même si on connait quelques difficultés en termes de résultats depuis quelques semaines, je sens une équipe soudée et je suis persuadé qu’on a les capacités pour remonter au classement. J’ai confiance en ce groupe, affirme-t-il. Lorient possède un potentiel offensif très intéressant mais défensivement, ils ont plus de difficultés. Je pense que nous aurons des bons coups à jouer en créant des différences par des passes, des percussions… Après, ce sera à nous d’assurer devant le but car nous avons souvent la possession mais il nous manque la finition. » Un aspect plus « tueur » devant le but sur lequel Jonathan Ikoné avoue devoir encore progresser « J’aime éliminer mon vis-à-vis, les un-contre-un, les 2 contre un, maintenant, je dois vraiment progresser dans ma faculté à marquer des buts », explique ce jeune homme plutôt casanier, fan de basket NBA et qui, derrière sa grande timidité, possède un grand sens de l’humour. « Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis bout-en-train mais j’aime bien faire rire. Même si le foot est un jeu sérieux ça reste un jeu. » Comme un clin d’œil du destin, Jonathan Ikoné a retrouvé à Montpellier un certain Jean-Louis Gasset qu’il avait déjà côtoyé au PSG et qui a pris la direction de l’équipe héraultaise quelques jours seulement après l’officialisation de son prêt. « Quand j’ai vu qu’il venait à Montpellier ça m’a fait plaisir. De plus, on sent qu’il est très aimé ici, raconte le n°11 montpelliérain. C’est quelqu’un qui me met en confiance. Il essaie de me faire progresser surtout au niveau de la finition. On travaille beaucoup devant le but » Un travail qui a porté ses fruits la semaine dernière puisque Jonathan a inscrit le 2e but de la victoire montpelliéraine à Caen qui est aussi le 1er de sa carrière en Ligue 1. Et sans doute pas le dernier...
