Ce dimanche (13h30, terrain de Grammont n°7), le MHSC reçoit l’En Avant Guingamp dans le cadre de la 8e journée de D1 féminine. Avant cette rencontre choc qui oppose le 4e au 5e du championnat, entretien avec la défenseur montpelliéraine Marion Torrent.
Marion. En premier lieu, quel regard portes-tu sur le début de saison du MHSC ?
Il est assez régulier. Ça a été difficile d’encaisser la préparation qui a été un peu lourde mais c’est logique et on se sent de mieux en mieux. Collectivement, nous avons évidemment été très déçues de la défaite contre le PSG et du match nul contre Rodez mais on met les bouchées doubles pour rester dans la course.
Sur un plan personnel, après avoir été plusieurs fois sortie de l’équipe la saison passée, tu joues plus régulièrement cette saison…
J’apprécie d’avoir l’opportunité d’enchaîner les matchs. L’année dernière, c’est vrai que j’étais un peu tombée dans la suffisance mais je me suis reboostée vers la fin de saison et j’essaie cette année de partir sur de bonnes bases, de donner le maximum à chaque match et d’être de mieux en mieux au fil des matchs.
C’est honnête de ta part de reconnaitre une certaine suffisance…
Je ne peux que l’être; je sais ce que je peux donner, je sais les efforts que je n’ai pas faits pour être à mon meilleur niveau et désormais je suis consciente que je ne dois pas commettre les mêmes erreurs dans l’avenir et que si je me donne à fond, ce sera bénéfique pour l’équipe et pour moi.
Sur quels aspects estimes-tu avoir le plus progressé ?
J’ai beaucoup travaillé pour essayer de retrouver un bon poids de forme, ce qui m'a permis de gagner en vitesse, en explosivité, d'être plus endurante aussi. Techniquement, j'ai aussi essayé de progresser dans les sorties de balles, de garder le ballon quand il le fallait, de progresser dans mes relances… En un an, j'ai aussi beaucoup appris avec le coach sur le plan tactique et j'essaie de reproduire tout ce qu’il nous a enseigné.
Pendant longtemps, tu as été le grand espoir du club. Aujourd'hui, avec les nombreux départs, tu te retrouves parmi les cadres et les plus anciennes du groupe. Comment vis-tu ce changement de statut ?
C'est un statut qui est arrivé d'un coup. Je pense essayer de l'assumer du mieux possible mais il n'y a pas que moi dans l'équipe qui peut tenir ce rôle-là, bien au contraire. Dans l'équipe, tout le monde a, à peu près , le même âge, entre 18 et 22 ans, mis à part quelques filles qui sont un peu plus expérimentées. On arrive à toute bien s'entendre, l'état d'esprit est bon et tout le monde va dans le même sens. Perdre plusieurs cadres dans l'équipe comme cela a été le cas la saison dernière ça fait un peu bizarre parce qu'on avait l'habitude justement qu'elles nous disent ce qu'on devait faire. Aujourd'hui elles sont parties et c'est à nous d'apprendre à nous gérer et d'essayer de donner des conseils aux plus jeunes comme on l'a fait avec nous à un moment donné. J'ai longtemps eu le statut de « la petite jeune », aujourd'hui c'est à moi de montrer l'exemple et, avec d'autres filles de l'équipe bien sûr, d'essayer d'amener l'équipe vers le haut et d’aider le club à ramener de bons résultats.
Il est vrai que malgré ton jeune âge (22 ans), tu es une ancienne du club…
J’ai entamé ma 11e année au MHSC. Je suis arrivée au club à l’âge de 12 ans. Les saisons, je ne les vois pas passer (rires).
On imagine qu'après la déception du nul concédé à domicile contre Rodez (0-0), la victoire à Arras lors de votre dernière sortie (6-0) a fait beaucoup de bien…
Après le match face au PSG où l'on perd dans les dernières secondes en ayant produit du jeu et en ayant fait une belle prestation, nous étions franchement touchées moralement… Ensuite, enchaîner par une prestation très moyenne et un match nul 0-0 contre Rodez où nous n'avons pas réussi à marquer, c'était vraiment difficile. Dans ce contexte, la victoire à Arras a fait beaucoup de bien et nous a rassurées. Désormais, il faut essayer de reproduire ce genre de bonnes prestations et, même si un jour on est un peu moins bien ce qui peut toujours arriver, essayer de jouer simple et arriver tout de même à marquer, même sans la manière, ce petit but qui nous libérerait. Bien sûr, quand on y arrive avec la manière c'est encore mieux…. et c'est ce qui s'est passé à Arras.
Comment abordes-tu la rencontre de dimanche face à Guingamp ?
Les deux équipes ont le même nombre de points, c'est donc un match avec beaucoup d'enjeu. On l'aborde comme tous les matchs avec beaucoup de sérieux. Ça va certainement aller fort dans les duels et il va falloir aborder cette rencontre comme si c'était un match face au PSG ou à Lyon. De toute façon, globalement on ne peut plus dire qu'il y a de gros et de petits matchs car le niveau du championnat se resserre. Guingamp est une très bonne équipe avec de très bonnes joueuses dont certaines que je connais bien puisque plusieurs d'entre elles ont été formées à Montpellier. Il faudra faire très attention. Ça promet un beau match.
Que penses-tu de l'évolution de la section féminine du club depuis 10 ans ?
Ça a beaucoup évolué. Le Président met beaucoup de moyens, je trouve que la section commence à prendre beaucoup d'ampleur et c'est à nous de donner en retour en ayant des bons résultats. Nous avons de très belles structures de beaux terrains, de plus en plus de choses sont mises à notre disposition.
Jusqu'où équipe peut-elle aller selon toi ?
L'objectif était de finir dans les trois premiers. Aujourd'hui, je pense qu'on peut toujours l'atteindre. Les matchs-aller ne sont pas encore terminés, il faudra faire un bon résultat contre Juvisy, ne plus perdre de points en route contre les autres équipes et récupérer quelques points de bonus contre le PSG ou Lyon. Tout est encore jouable.
Pendant longtemps tu as été citée en exemple comme la joueuse formée au MHSC qui évoluait dans toutes les sélections de jeunes de l'Equipe de France (tu as même était sacrée championne d’Europe des moins de 19 ans avec les Bleuettes en 2010). Gardes-tu l'équipe de France dans un coin de ta tête ?
Bien sûr il faut y penser ! C'est le rêve de toute joueuse d'évoluer un jour en équipe de France A. Je rêve d'y arriver depuis que je suis toute petite. Si on fait du foot à haut niveau c'est aussi pour avoir la chance de porter un jour ce maillot-là. J'essaie de travailler au quotidien pour y arriver un jour.
Pour conclure, quel regard portes-tu sur les jeunes joueuses formées au club qui, comme toi à une certaine époque, commencent à taper à la porte de l'équipe première ?
Nous sommes beaucoup dans ce cas en équipe première. On s'est beaucoup suivies en sélection d'ailleurs que ce soit avec Laëtitia Philippe, Kelly Gadéa… Sandie Toletti évoluait dans la catégorie d'âge en dessous, tout comme Meryll Wenger d’ailleurs. Sandie et Meryll s’entraînent depuis 2 ans avec la D1, petit à petit elles font leur place et montrent à l’entraînement qu’elles ont leur place sur le terrain. Jouer en D1, pouvoir s’exprimer au haut niveau, c’est l’aboutissement pour elles de toutes ces années de formation. Je suis également très contente pour Lindsey Thomas, elle aussi formée au club. Ça a été difficile pour elle de s’exprimer au départ et je pense que le match à Arras et les buts qu’elle a inscrit lors de cette rencontre lui ont permis de prendre confiance en elle et de montrer aux autres joueuses qu’elles pouvaient avoir confiance en elle. C’est une bonne chose pour elle et pour le groupe. C’est la preuve du bon travail effectué au MHSC en termes de formation des jeunes. Globalement, je suis vraiment très attachée à ce club. Si j’y suis depuis 10 ans, ce n’est pas sans raison. J’essaie d’ailleurs d’aller régulièrement soutenir l’équipe de Ligue 1 dès que j’en ai la possibilité. J’ai toujours aimé ce club et j’en suis fière.
