A l’aube de disputer la première Coupe d’Afrique des Nations de sa carrière, le défenseur montpelliérain évoque sa fierté d’y participer et l’héritage familial que cela représente. Une interview pleine d’émotion et de détermination
Enzo. Que représente cette Coupe d’Afrique des Nations pour toi ?
Beaucoup de choses. En plus, ce sera ma première. En premier lieu, ça représente des souvenirs de quand je regardais cette compétition à la télé. Je pense aussi aux parcours de mon père (Bill Tchato, ancien joueur du MHSC, photo ci-dessous NDLR) qui l’a jouée à plusieurs reprises et qui l’a gagnée en 2002, l’année de ma naissance (contre le Sénégal à Bamako, au Mali). Pour lui aussi, c’était sa première d’ailleurs. J’étais un peu plus âgé quand il a perdu en finale de l’édition 2006 (au Ghana contre l’Egypte, NDLR) et j’ai revu plusieurs fois le match en vidéo. Depuis l’âge de 6-7 ans, je regarde toutes les CAN et, franchement, ça donne envie d’y participer.
C'est une fierté de succéder à ton père en portant le maillot des Lions indomptables et celui du MHSC ?
Bien sûr que oui c’est une fierté. Et je pense que c’est aussi le cas pour lui et pour toute la famille. C'est plus une pression positive.
Tu perpétues aussi la tradition des internationaux camerounais du MHSC…
C’est vrai. Il y a eu Roger Milla, mon père, Marcel Mahouvé, le regretté Valéry Mézague, Ambroise Oyongo… L’histoire est belle entre le Cameroun et le MHSC. Je vais essayer de continuer à l’écrire en représentant les 2 entités du mieux possible.
Quel est ton parcours avec la sélection nationale camerounaise ?
J'ai disputé une CAN U20 en Mauritanie (en 2021). Nous avions perdu en quart de finale contre le Ghana, futur vainqueur de la compétition. Je garde de très bons souvenirs de cette aventure malgré l’élimination. C'était ma première compétition avec la Cameroun. Ensuite, j’ai été appelé une première fois chez les A contre le Mexique, en juin dernier. Franchement, c'était incroyable ! L'ambiance qui règne autour de la sélection, l’engouement, le déroulé du match… Je suis parti m’échauffer et tout s’est accéléré en deux minutes après la blessure d’un coéquipier et je me suis retrouvé sur le terrain en quelques secondes. C'est vraiment un souvenir. En plus, j’avais presque fait une passe décisive puisque le gardien adverse avait relâché le ballon sur un centre et ça s’était terminé par un but puisque l'attaquant avait marqué. Ensuite, j’ai retrouvé la sélection pour le rassemblement de septembre. On devait gagner le match contre le Burundi pour se qualifier pour la CAN et nous y étions parvenus (3-0). Même si je ne suis pas entré en jeu, c’est aussi un souvenir magnifique. On m'avait beaucoup parlé de cette ferveur, mais quand on le vit c'est quelque chose… C’est presqu’inexplicable. Il faut vraiment le vivre pour voir et ressentir ce que ça fait. Participer à cette phase finale de CAN aujourd’hui, ça rajoute un truc en plus c'est sûr… Parce que c'est le Cameroun, que toute ma famille et tout un peuple vont nous suivre… Pour toutes ces raisons, c’est vraiment une fierté de participer à cette CAN
Comment décrirais-tu cette équipe du Cameroun aujourd'hui ? Son jeu, les joueurs qui la composent.
Le Cameroun dispose d’une très bonne génération avec, à la fois des cadres de qualité et des jeunes qui émergent. Nous avons confiance en nous et en nos qualités. Nous savons que nous pouvons battre n'importe qui. Historiquement, le Cameroun a toujours été l’une des meilleures équipes d'Afrique et nous allons tout donner pour perpétuer cette tradition.
Le problème, c'est que le Cameroun est toujours attendu…
C'est certain et nous en avons conscience. On sait que beaucoup de pays nous mettent la pression par rapport à ça, mais nous, on reste toujours tranquille. Nous sommes confiants et sûrs de nos forces.
Quel est ton rôle dans cette sélection ?
Vu que je commence à peine ma carrière en sélection on va dire que mon rôle, c’est d'apprendre et aussi d'amener un peu ma jeunesse, ma fougue… J'ai beaucoup d'envie, je suis quelqu'un d'assez généreux sur le terrain donc vraiment, mon but c’est d’apporter tout ce que je peux apporter par rapport à mes qualités. Si j'ai l'occasion de jouer, ne serait-ce de n'avoir quelques minutes, ce serait vraiment un plaisir et je me donnerais à fond.
Un mot sur vos adversaires du premier tour : la Guinée, la Gambie et le Sénégal. C'est un peu le groupe de la mort quand même, non ?
On peut dire ça oui. Je vais retrouver la Guinée d’Issiaga (Sylla). Ça va être un plaisir de l'affronter et de le battre (sourire). Après, on va affronter le Sénégal, qui est le tenant du titre. La Gambie est aussi une bonne équipe, qui commence à monter en puissance ; donc c'est vraiment un groupe très relevé. Il va falloir se battre et tout donner pour se qualifier
Le ‘’derby’’ avec Issiaga, ça promet…
Ah oui, ça promet, C'est sûr ! On se chambre depuis que le tirage au sort a eu lieu. J'espère qu’il et que nous allons faire une bonne compétition.
Le fait que ce soit le groupe de la mort, ça ne te fait pas peur ?
Non, au contraire. Quand on joue une telle compétition, on vise de rencontrer les meilleures équipes donc avoir de gros matchs comme ça d'entrée. Ça nous met dedans et ça me permet de commencer la compétition sur les chapeaux de roue.
Un mot sur les 3 autres sélections africaines où il y a des représentants montpelliérains qui sont le Mali, la RDC et la Guinée…
Le Mali de Kiki (Kouyaté) et Falaye (Sacko) peut être l'une des nations surprises de cette compétition. Cette équipe dispose de bons joueurs, ils ont de bons résultats et montent en puissance. La République Démocratique du Congo de Dimitry a sa carte à jouer et va, je pense, poser pas mal de problèmes à beaucoup d'équipes. Comme le Mali, la Guinée commence aussi à émerger et dispose de bons joueurs qui évoluent dans de bons clubs. De toute façon, si on veut remporter cette Can, il va falloir être capable de battre tout le monde et si nos adversaires veulent la gagner, ils devront nous battre aussi (sourire)
Qui sont, pour toi, les favoris de cette compétition ?
Je dirai le Sénégal et le Maroc après sa très belle Coupe du Monde. Je n’oublie pas non plus la Côte d’Ivoire qui sera à domicile et qui est un grand pays de football. A ces 3 pays s’ajoute évidemment nous, le Cameroun et le Mali. Je ne peux pas prédire qui va gagner mais je pense que ça va être une CAN assez relevée, avec un bon niveau.
Avec ‘’Dim’’, le fait d'être 2 enfants du club qui avaient fait toutes les catégories ici, qui se retrouvent pour une Coupe d'Afrique, c’est sans doute quelque chose aussi de fort. Vous en avez discuté entre vous ?µ
Oui. Dimitry est international congolais depuis peu de temps. Nous en avons discuté ensemble car nous avons un peu le même parcours. Si on venait à s’affronter au cours de cette CAN, ce serait assez particulier et inédit pour nous deux et ce serait une belle histoire. En tout cas, c’est une fierté pour nous de représenter le MHSC et son Centre de Formation.
Quels sont tes objectifs personnels et collectifs dans cette compétition ?
Personnellement, ce serait de d'avoir du temps de jeu et de participer à cette première Coupe d'Afrique. Au niveau collectif, quand on est le Cameroun, l’objectif, c’est d'aller au bout, de gagner et de ramener la Coupe à la maison comme on dit.
Quel message adresserais-tu à tes coéquipiers du MHSC qui vont jouer cette Coupe d’Afrique ?
Que le meilleur gagne ! Que chacun représente son pays avec fierté, que tout le monde se donne à fond et si on peut se croiser dans les matchs, ce sera avec plaisir, en représentant fièrement le Montpellier Hérault.
Et pour les joueurs qui vont rester au club et qui vont devoir récolter des points sans vous…
Je leur dirai simplement que j’ai confiance en eux. Je pense qu'on a une bonne équipe et que même s’il y a des absents, mes coéquipiers seront capables de faire de bons matchs. En plus du championnat, la Coupe de France va aussi commencer. Je sais qu’ils vont assurer. En tout cas, je prendrai ma tablette pour regarder les matchs.
