Michel Der Zakarian : « Garder un état d’esprit conquérant » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Michel Der Zakarian : « Garder un état d’esprit conquérant »

Un peu plus d’un an et demi après son départ, le technicien montpelliérain (qui a fêté son 60ème anniversaire samedi dernier), revient sur les raisons qui l’ont poussé à relever le défi de cette mission maintien avec le club pailladin qui lui est si cher. Toujours avec passion et cette grande franchise qui le caractérise

Comment s’est concrétisé votre retour ? Il paraît que vous étiez au golf… C’est rare de laisser son téléphone allumé pendant une partie…
(Sourire). Il est toujours allumé, mais sur silencieux pendant le golf. Ça ne l’empêche pas de vibrer. Plus sérieusement, j’ai reçu un message du Président Laurent Nicollin le lundi après le match du MHSC à Strasbourg. Je l’ai rappelé quasiment instantanément. Nous avons discuté, il souhaitait que je revienne et j’ai dit OK. Je n’ai pas hésité du tout.

C'est le destin qui fait que je reviens ici aujourd'hui

On vous sait très attaché au club. Cela a-t-il joué dans votre décision de revenir ?
Bien sûr. Si l’on compte ma période de joueur, celle de formateur et mon passage sur le banc de l’équipe professionnelle, j’ai passé 22 ans de ma vie ici. Quand on sait que j’ai 60 ans depuis samedi dernier, ça fait quand même un tiers de ma vie ; ce n’est pas rien. Au-delà de ça, je pense que c’est le destin qui fait que je reviens ici aujourd’hui. Souffler mes 60 bougies à Montpellier, c’est vrai que ça fait plaisir. Je suis très heureux d’être ici.

Vous aviez laissé le club aux portes de l’Europe il y a un an et demi ; aujourd’hui, il lutte pour le maintien. Ça ne vous a pas effrayé au moment d’accepter de revenir ?
Non. Je sais que l’objectif est de redresser l’équipe et que ça ne va pas être facile, même si on a gagné ce match contre Brest à la maison. Il faut garder notre costume préféré, le bleu de chauffe, pour atteindre notre objectif du maintien. Si on se relâche, si on n’est pas dans la bagarre, si on n’existe pas dans les duels, on ne s’en sortira pas. Il faut qu’on arrive à garder l’état d’esprit qu’on a affiché contre Brest et je pense qu’avec la qualité technique qu’il y a dans l’équipe, le fait que nous ayons des joueurs en capacité de marquer ou de faire marquer des buts, nous arriverons à atteindre cet objectif… mais la priorité c’est de garder un état d’esprit conquérant.

j'aime rire et plaisanter, mais une fois dans le travail, c'est le travail

Quel regard portez-vous sur le MHSC depuis votre départ il y a 18 mois ?
Je ne souhaite pas trop parler de ça. Durant la majeure partie de cette période, j’étais à la tête du Stade Brestois, je n’étais pas sans arrêt en train d’épier ce qu’il se passait à Montpellier. J’avais mes soucis avec Brest et, en plus, les deux clubs jouaient le maintien.

Un mot sur votre expérience à Brest justement...
Toutes les expériences que l’on vit sont enrichissantes. Il y a eu des choses positives, d’autres négatives mais c’est du passé. Ça ne sert à rien de revenir dessus.

En quoi avez-vous changé depuis votre premier passage à Montpellier ? Vous avez notamment récemment évoqué la relation avec la nouvelle génération de joueurs dans une interview…
Toute expérience fait réfléchir. Quand on regarde bien, c’est assez similaire à avant sur certains côtés mais il y a aussi des différences. On doit désormais faire face à des générations qui ‘’zappent’’ vite. Qu’ils aient gagné ou perdu, ils passent vite à autre chose. Je pense désormais que l’une des clés pour réussir, c’est d’avoir des entretiens individuels plus réguliers avec chacun d’entre eux. Quand un joueur ne joue pas, il fait souvent rapidement la tête, il ne comprend pas les choses et il est important de les lui expliquer pour le maintenir avec le groupe et qu’il garde un bon état d’esprit. Pour en revenir à la génération actuelle, je pense qu’il faut savoir ‘’secouer’’ les joueurs par moment mais savoir les cajoler aussi. C’est vrai que j’ai un visage qui montre souvent une attitude fermée – ma femme me le dit souvent d’ailleurs – mais ça ne veut pas dire que je ne sais qu’être dur et que je n’aime pas mes joueurs, au contraire ! Pour réussir, il faut toujours aimer ses joueurs, c’est très important pour un coach. J’aime rire et plaisanter aussi, croyez-moi (sourire), mais une fois dans le travail, c’est le travail… et quand quelque chose ne va pas, je le dis. 

j’ai un visage qui montre souvent une attitude fermée mais ça ne veut pas dire que je ne sais qu’être dur et que je n’aime pas mes joueurs, au contraire !

C’est la seconde fois que vous reprenez un club en cours de saison après votre première expérience de coach à Nantes en 2007. Qu’est-ce que cela change en termes d’approche de travail ?
À l’époque, c’était différent. J’étais dans le staff et le club avait déjà changé 2 fois de coach avant de me confier la direction de l’équipe pour la fin de saison. Là, je n’étais pas présent depuis le début de la saison actuelle et j’arrive avec le staff que j’ai souhaité, ajouté bien sûr aux personnes qui étaient déjà en place et que je connaissais. Ce qui est très positif, c’est que je connais tout le monde, que ce soit la direction, certains joueurs, le staff technique et médical... L’acclimatation n’en est que plus facile. Que ce soit David (Bechkoura) ou Franck (Rizzetto, ses deux adjoints NDLR), ce sont deux personnes qui aiment travailler et en qui j’ai pleinement confiance. 

Sur le plan émotionnel, quel effet cela vous fait-il de revenir au MHSC ?
Ça me fait évidemment très plaisir de retrouver les personnes qui sont au club et que j’apprécie. C’est une bonne chose pour moi. Concernant le retour à la Mosson contre Brest, c’était évidemment particulier mais j’ai gardé mes habitudes. Je suis sorti un tout petit peu avant l’échauffement, j’ai fait un petit tour, puis je suis rapidement rentré au vestiaire, comme je le faisais il y a 18 mois. J’ai gardé mes habitudes d’avant match.

Quel regard portez-vous sur le groupe, qui a beaucoup bougé depuis votre départ ?
Depuis mon arrivée, je vois un groupe très impliqué dans chaque séance et j’en suis satisfait. Maintenant il faut qu’il y ait de la continuité pour qu’on puisse progresser, que ce soit physiquement, tactiquement ou mentalement.

Si on se relâche, si on n’est pas dans la bagarre, si on n’existe pas dans les duels, on ne s’en sortira pas

L’équipe a aussi beaucoup changé de système depuis le début de la saison, notamment sur le plan défensif. Comment abordez-vous cela ?
C’est bien de savoir jouer dans plusieurs systèmes. Ça te permet aussi de pouvoir évoluer et d’utiliser au mieux les caractéristiques des différents joueurs que tu as à ta disposition, voire même d’évoluer différemment, selon l’adversaire qui se présente devant vous. Quoi qu’il en soit c’est toujours l’animation qui est importante. Vous pouvez mettre en place tous les systèmes que vous voulez, si les joueurs ne courent pas ensemble, s’ils ne font pas les choses ensemble, c’est toujours compliqué d’être performant.

Depuis la défaite à Nice, l’équipe semblait évoluer avec pas mal de craintes, voire une certaine peur. Est-ce que vous l’avez ressenti ?
Je n’ai pas vu des joueurs qui ont eu peur, notamment contre Brest. Ils se sont lâchés, ils ont été performants. Maintenant, il faut qu’ils soient en capacité de répéter ce genre de prestation que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Après, je ne pars pas d’une feuille blanche non plus. J’étais allé voir la victoire du MHSC à Lorient et j’avais trouvé cette équipe montpelliéraine très intéressante. Téji avait marqué un coup franc magnifique d’entrée et ensuite l’équipe avait bien géré le score face à des Lorientais qui n’avaient pas perdu sur leur pelouse cette saison avant ce match-là.

Quels sont vos axes de travail depuis votre retour ?
Notre volonté, c’est de mettre beaucoup d’intensité dans les séances fortes, de réduire les temps de récupération entre les séquences de jeu pour que les joueurs disposent d’un bon physique afin de pouvoir répéter les efforts.

Le sport de haut niveau demande de l’engagement, de la discipline et d’être en capacité de gagner les duels. Si on veut avoir le ballon et bien l’utiliser, il faut d’abord le récupérer

Difficile de rêver meilleur début que pour ce match victorieux contre Brest, à l’occasion de votre retour sur le banc montpelliérain
C’est vrai. À la fin du match, tout le monde était heureux, et moi aussi, évidemment. Ça permet à l’équipe d’emmagasiner de la confiance. C'est bien d'avoir pu enchainer par une deuxième victoire contre Troyes, mais il faut continuer à travailler pour garder cette confiance sur la durée.

Entendre le public scander votre nom à la fin du match contre Brest c’était aussi émouvant non ?
Bien sûr que oui. Je les ai applaudi et je les en remercie. Cela m’a fait chaud au cœur. Je pense que ça a fait du bien aux joueurs aussi d’être encouragés comme ils l’ont été. C’est toujours important, quel que soit le club dans lequel tu passes mais en particulier ici à la Paillade de s’identifier au club dans lequel tu évolues. Je pense que le public s’est reconnu dans ce qu’on a fait, notamment en gagnant les premiers duels. C’est primordial de montrer d’entrée à l’adversaire que ça ne va pas être facile. C’est ça le sport de haut niveau : ça demande de l’engagement, de la discipline et d’être en capacité de gagner les duels. Si on veut avoir le ballon et bien l’utiliser, il faut d’abord le récupérer, si possible dans les 5 à 10 secondes après l’avoir perdu.

Un mot sur le RC Lens, votre adversaire du jour ?
C’est une équipe qui joue dans un système bien précis, à trois derrière, depuis plusieurs saisons maintenant, même s'ils amènent désormais quelques variantes, sur le plan offensif notamment. C’est une équipe très forte en termes d’intensité, dans l’envie de récupérer le ballon et de bien l’utiliser derrière et qui met beaucoup de rythme, de vitesse, avec pas mal de combinaisons aussi... Ce n’est pas un hasard si cette équipe lensoise se bat régulièrement pour une qualification européenne depuis plusieurs saisons. C’est un club qui travaille dans le bon sens mais je pense que nous avons les arguments pour leur poser quelques soucis et c’est ce que nous allons essayer de montrer samedi soir.

Je remercie chaleureusement le Président pour sa confiance

Quel est votre message pour le Président et les supporters dans cette lutte pour le maintien ?
Quand je suis arrivé, le Président a parlé dans le vestiaire avant de me donner la parole et j’ai dit pratiquement la même chose que lui. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Je le remercie chaleureusement pour sa confiance. Que ce soit Laurent mais aussi Michel (Mézy) et Bruno (Carotti), tu sens des personnes qui sont derrière toi et qui ont le même discours que toi. Ça veut dire que quand tu dis des choses aux joueurs si certains ont envie d’aller voir un peu plus haut, ils auront la même réponse que celle que je leur ai donné. C’est important d’avoir une direction qui te suit. Sinon ça devient compliqué. Aujourd’hui, l’important c’est que le club reste en Ligue 1 et ça passe par un état d’esprit de guerriers. Si on montre un comportement d’équipe qui a envie de se battre ensemble et de faire les efforts ensemble, bien sûr qu’on perdra des matchs mais on en gagnera aussi beaucoup.

Que peut-on vous souhaiter pour vos 60 ans ?
La santé d’abord pour tout le monde. C’est ça le principal… Et le maintien au bout bien sûr. Je sais pourquoi je suis là. C’est primordial pour le club de rester en Ligue 1 et j’espère que nous allons réussir ce pari tous ensemble. Concernant ces fameux 60 ans, on se dit qu’on vieillit, Mais la passion est toujours là ! (sourire).

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