Comme chaque semaine depuis le début de la saison, nous revenons sur une rencontre de l’année du titre de champion de France du MHSC avec un témoin de l’époque. Aujourd’hui, retour sur le match MHSC vs AC Ajaccio du 11 février 2012, avec Paul Lasne, qui portait ce jour-là le maillot du club Corse avant de rejoindre le MHSC deux ans plus tard dont il a porté les couleurs à 148 reprises.
À l’autre bout du fil, le ton est clair, la voix toujours calme, posée et chaque mot pesé. La preuve d’une intelligence certaine et non pas d’un discours formaté ; ce serait trop mal connaître le personnage… D’ailleurs, lorsqu’on lui a posé la question de savoir ce qu’il retenait de ce match entre le MHSC et l’AC Ajaccio du 11 févier 2012, Paul Lasne n’a pas fait de mystère : « Je vais être très franc, ça remonte à 10 ans donc je ne saurai pas me rappeler précisément des circonstances de la rencontre, avoue-t-il. Je me souviens juste que nous avions perdu 3-0. » Alors on va l’aider : un premier but de Younes Belhanda sur penalty (53e), un second de Rémy Cabella sur un service d’Olivier Giroud (64e) et un dernier de l’attaquant champion du monde, 3 minutes plus tard (67e) avaient permis aux oranges et Bleu de s’imposer sans trembler dans un match face à l’ACA, qui, fait rarissime, avait été avancé de 19h à 15h par les autorités, par crainte du gel. « C’est vrai qu’il faisait très froid. Je me souviens aussi que le terrain était ‘’pourri’’ et très sableux, se remémore Paul. Sur le plan du jeu, Montpellier avait été très au-dessus de nous, tout simplement. On sentait une équipe huilée, où les joueurs se comprenaient et se trouvaient parfaitement sur le terrain, avec beaucoup d’efficacité et aussi la réussite du champion à certains instants clés. De toute façon, on savait avant d’arriver à la Mosson que ce serait un match compliqué et ça l’a été. Nous étions conscients que le MHSC réalisait de très grandes performances cette saison là, mais c’est presque une fois la saison terminée que j’ai pleinement réalisé l’exploit qu’avait réalisé Montpellier. À notre décharge, il faut dire que, de notre côté, nous étions pleinement focalisés sur notre mission de maintien et donc sur le bas du classement. On savait très bien que ce n’était pas le genre de match où l’on pouvait espérer grand-chose et que ce n’était pas là que se jouerait notre maintien. »
LA FOLLE REMONTÉE AJACCIENNE
Pour mieux le comprendre, il faut se projeter dans la situation de l’ACA à l’époque : promu, le club Corse, alors dirigé par Olivier Pantaloni et dont l’adjoint était un certain Stéphane Paganelli, bien connu du MHSC, ne comptait que 9 points au soir de la 17ème journée. « Cela faisait longtemps qu’Ajaccio n’avait pas été en Ligue 1, le début de saison avait été extrêmement difficile et on avait d’ailleurs perdu 3-1 à domicile contre Montpellier au match aller, se souvient Paul. Heureusement, nous avions réussi à gagner les deux derniers matchs avant la trêve, ce qui nous avait permis de tourner à mi-parcours à 15 points. C’était quasiment le parcours d’un condamné à la descente mais nous avions réussi à redresser le navire en réalisant une phase retour assez étonnante, ce qui nous avait permis de nous sauver au dernier match. Pour être honnête, je qualifierai cette saison de miraculeuse », sourit le milieu de terrain de 32 ans.
Paul a ensuite rejoint le MHSC à l’été 2014, et lorsqu’on lui demande si le titre de champion de France des Héraultais deux ans auparavant avait pesé dans son choix de rejoindre le Domaine de Grammont, sa réponse est là aussi limpide : « Cela n’avait pas vraiment joué, reconnaît-t-il. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’en signant à Montpellier, sans manquer de respect à Ajaccio avec qui j’ai vécu des moments extraordinaires, j’avais le sentiment, de franchir un pallier dans ma carrière et d’arriver dans une équipe bien installée en Ligue 1 avec des ambitions, analyse-t-il. Ensuite, il faut aussi reconnaître qu’à mon arrivée, il y avait déjà eu pas mal de changements en termes d’effectif, puisque Belhanda et Giroud n’étaient plus là, que Rolland Courbis était alors entraîneur et avait succédé à Jean Fernandez qui avait lui-même pris la suite de René Girard…. Remy Cabella aussi était parti… le vestiaire avait déjà beaucoup évolué en deux ans et c’était une autre histoire qui démarrait. Je n’ai pas eu le sentiment d’arriver dans le vestiaire du champion.»
En revanche, un peu plus de deux ans après son départ, son attachement au club pailladin n’a pas varié d’un iota : « Le MHSC est le club où j’ai passé le plus de temps durant ma carrière. Entre 25 et 30 ans, c’est vraiment là où tu es en pleine possession de tes moyens, où tu t’épanouis, où tu as déjà fait tes armes en Ligue 1 et où il te reste encore plein de belles choses devant toi, souligne Paul avec une certaine émotion. C’est le cœur de ma carrière on va dire, autant affectivement que dans la chronologie temporelle de l’histoire.» Une histoire que MHSC continue d’écrire au quotidien dix ans après ce sacre aussi inattendu que magnifique.
Un retour forcément marquant
Victime d’une rupture du ligament croisé du genou à l’entraînement avec le Stade Brestois en avril dernier, Paul Lasne a, comme un clin d’œil du destin, retrouvé les terrains face à Montpellier le 11 décembre dernier au stade Francis-le-Blé (succès des Montpelliérains 4-0). Un moment forcément particulier pour le natif de Saint-Cloud, vu son grand attachement au club Héraultais : « Le sentiment était mitigé parce que j’avais eu quelques petits pépins et contretemps avant de revenir contre Montpellier qui m’avait un petit peu pénalisés, explique-t-il. J’ai essayé au maximum de faire abstraction du fait que c’était le MHSC en face, contre l’entraîneur (Olivier Dall’Oglio) que j’avais connu à Brest et qui est aujourd’hui à Montpellier. J’étais juste content de rentrer sur le terrain et de retrouver cette sensation là mais le match était joué depuis longtemps car Montpellier menait largement au score. C’était un petit peu décousu, ça partait un peu dans tout les sens mais le symbole était assez fort de faire mon retour en Ligue 1 contre le MHSC. J’étais content d’avoir bouclé la boucle par rapport à ma blessure. Maintenant, je peux me concentrer sur ma forme et essayer de revenir le mieux possible au fur et à mesure. » Preuve de la trace et de la sympathie qu’il a généré durant son passage au MHSC, Paul Lasne a d’ailleurs été longuement salué par le Président Laurent Nicollin, venu discuter avec lui sur la pelouse en fin de rencontre (photo) : « Cela m’a fait très plaisir, reconnaît Paul. Laurent voulait juste prendre des nouvelles. À chaque fois qu’on se voit c’est toujours chaleureux. Nous avons gardé de très bonnes relations.» Enfin, sans doute comme son équipier Steve Mounié, également passé par le MHSC, et évidemment comme pour son entraîneur Michel Der Zakarian qui a laissé une trace indélébile à la Paillade, Paul Lasne a déjà coché le match retour entre les deux équipes sur son calendrier, ce sera le 3 avril prochain au stade de la Mosson : « J’espère que nous serons un petit peu mieux pour poser des problèmes à cette équipe de Montpellier car, maintenant j’ai un maillot rouge qu’il faut honorer, celui du Stade Brestois conclut Paul. Quoi qu’il en soit, comme lors de la première fois où je suis revenu à la Mosson il y a deux ans, ce sera forcément un moment particulier pour moi de retrouver ce stade et ce club où j’ai passé de si bons moments. »
