Prêté en L2 la saison dernière, l’attaquant de 22 ans brille depuis le début de la saison sous le maillot du MHSC. Retour sur le parcours de ce joueur formé au Domaine de Grammont et dont le talent n’a pas fini de vous étonner
Entre 2012 et 2015, les supporters montpelliérains avaient plutôt l’habitude d’écrire Mounier avec un « R » en référence à Anthony, aujourd’hui à Bologne. Mais depuis le début de la saison, ils ont aussi dû apprendre à l’écrire avec un accent... Son prénom ? Steve… Dans la foulée de débuts en L1 réussis et de ses buts inscrits lors des deux derniers matchs face à l’OM et Bastia, l’attaquant formé au club (22 ans) s’est fait une place de choix au sein de l’effectif de Frédéric Hantz. Le marqueur d’une nouvelle étape dans la carrière d’un garçon qui a gravi un à un les échelons du club pailladin, à force de travail et de ténacité.
Né à Parakou dans le Nord du Bénin à 500km environ de Cotonou, la capitale économique du pays, Steve a rejoint la France à l’âge de 4 ans. Débarqué à Perpignan, c’est là-bas, au pays du rugby, que Steve a tapé ses premiers ballons… ronds ! « Quand j’étais au Bénin, je faisais du judo, raconte-t-il. Alors, j’en ai aussi fait en arrivant en France, mais dans le quartier où je vivais à Perpignan, tout le monde jouait au foot alors j’ai commencé à m’y mettre et c’est devenu une passion. » Arrivé au Centre de formation du MHSC à l’âge de 14 ans, cet avant-centre de grand gabarit, bon de la tête en position de pivot mais capable aussi de prendre la profondeur et de répéter les courses comme il l’a fait face à l’OM a gravi les échelons petit à petit. Champion de France U19 avec le MHSC en 2012, il a également participé activement à l’accession de l’équipe réserve de CFA2 en CFA deux ans plus tard. Par la suite, il a vu sa progression ralentie par des soucis au genou. « Pendant 18 mois, cela a été vraiment compliqué pour moi, reconnait-il. Quand on te dit à 18 ans que tu vas passer sur le billard, on n’y est pas forcément préparé ; et puis j’avais l’expérience de mon frère qui lui aussi avait eu quelques soucis au genou et qui a dû arrêter le foot à cause de ça, donc, j’avais une certaine appréhension… mais tout ça est derrière moi et c’est tant mieux. »
A force de travail, il s’est tout de même ouvert les portes du monde pro où il a débuté lors de la 1ère journée de la saison passée face à Angers. « C’est un souvenir important mais pas aussi marquant que ce que j’espérais. J’étais encore assez timide donc je n’ai pas pu vivre la chose pleinement. Je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui m’arrivait. C’est pour cela que je ne l’ai pas vécu comme j’aurais dû le vivre. » Après 3 bouts de matchs sous la tunique montpelliéraine, l’attaquant international béninois est parti s’aguerrir à Nîmes en L2. « Au départ ce n’était pas forcément prévu, mais j’ai passé une belle saison humainement et sportivement. » Sportivement, Steve a été essentiel au maintien en L2 du club nîmois en inscrivant 11 buts et 5 passes décisives en 32 matchs de championnat. « Je conseille à tous les jeunes joueurs qui n’ont pas de temps de jeu en L1, d’aller s’aguerrir en L2 s’ils en ont la possibilité, souligne-t-il. Le fait de jouer des matchs contre des joueurs qui sont plus anciens permet de gagner en expérience et enchaîner les matchs fait beaucoup de bien. Quand je suis revenu, j’ai redécouvert la L1 d’un autre œil. » L’opportunité que Steve attendait, c’était celle de jouer en Ligue 1 sous le maillot de son club formateur. Et celle-ci est arrivée assez rapidement dans la foulée de matchs de préparation convaincants. Sa capacité à marquer des buts mais aussi à jouer pour l’équipe en calant des ballons en position de pivot ou en effectuant des déviations offre des solutions supplémentaires à son entraîneur. « Je suis revenu en ayant fait le plein de confiance. Au fil des entraînements j’ai pris mes marques, le coach m’a fait confiance et aujourd’hui ça commence à payer. »
Buteur à 5 reprises en 10 matchs disputés depuis le début du championnat – « même si celui contre Saint-Étienne était ‘’bizarre’’ c’est tout de même le premier donc il a une saveur particulière mais mon but préféré est celui de Marseille. J’ai vraiment eu des frissons quand j’ai marqué ce but. » – Steve découvre la L1 avec grand plaisir. « Par rapport à ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant, le plus marquant en L1 c’est la différence d’intensité. Il faut être prêt et concentré à chaque instant. En L2, quand tu rates une occasion, tu sais que tu vas en avoir une autre derrière. Alors qu’en L1, quand tu as loupé une occasion, tu ne sais pas si tu en auras une autre car les défenses sont plus solides. » S’il estime « que son début de saison est plutôt positif », Steve assure qu’il doit encore progresser dans la finition. « Par rapport au nombre d’occasions que je me crée je ne marque pas encore assez. Je dois améliorer mon ratio nombre d’occasions / buts», Un ratio que l’attaquant montpelliérain va donc tenter d’améliorer samedi soir face à Nancy à La Mosson. Un club promu qu’il connait bien pour l’avoir affronté à deux reprises en championnat la saison passée, sans avoir marqué mais en ayant délivré 2 passes décisives lors de la victoire gardoise en Lorraine (4-3). « Le contexte sera complètement différent puisqu’à l’époque Nancy était le cador de la L2 et qu’aujourd’hui ils luttent pour le maintien en L1, prévient-il. Ce qui est certain, c’est que cette équipe possède de très bons joueurs dont Lenglet et Youssef Aït-Bennasser qui m’avaient vraiment impressionné. Ça ne va pas être un match simple, mais ce sera à nous de ne pas faire les mêmes erreurs que contre Metz qui était également promu et de ne pas nous laisser surprendre ». L’occasion d’évoquer ses objectifs plus globaux cette saison. « Si on y met la même envie et la même concentration que face à l’OM, on peut faire une très belle saison, souligne le n°15 pailladin. Sur le plan personnel, j’attends d’être à la trêve hivernale pour me fixer un total de buts à atteindre en fin de saison, mais quoi qu’il en soit, mon objectif est d’être décisif à travers des buts ou des passes décisives et de progresser au niveau de mes déplacements et de mon jeu dos au but notamment. »
Au-delà des chiffres et des statistiques, l’éclosion de Steve Mounié est la réussite d’un gamin du Centre de Formation du club dont l’aspect discret et travailleur a fini par payer. « C’est une fierté de jouer ici dans mon club formateur, conclut-il. Depuis mon arrivée au centre, j’ai toujours rêvé d’évoluer dans cette équipe et aujourd’hui je vis ce rêve que j’avais en arrivant ici à 14 ans. Je profite de chaque instant tout en essayant de progresser encore à chaque sortie. C’est un bonheur d’être ici. » Son retour en lumière après un prêt réussi est en tout cas la récompense d’un travail bien accompli, et un bel exemple à suivre pour les jeunes du club.
