Arrivé au MHSC dans les derniers jours du mercato, le milieu de terrain international malien a fait ses premiers pas sous la tunique montpelliéraine samedi dernier à Guingamp. Entre deux séances d’entraînement, il a accepté de se poser pour évoquer son parcours, ses objectifs et sa relation avec ce métier de footballeur qu’il aime tant…
A 25 ans à peine, l’album de ses souvenirs footballistiques est déjà bien rempli. D’Etampes à Rennes en passant par Aston Villa, la Turquie ou le Mali où il était encore il y a quelques jours, brassard de capitaine au bras, pour disputer un match comptant pour les éliminatoires de la CAN face au Bénin de son coéquipier pailladin Steve Mounié, Yacouba Sylla a déjà beaucoup voyagé. Un parcours en ballon riche sportivement et en aventures humaines que le néo-montpelliérain évoque volontiers et avec un recul étonnant pour son jeune âge. « Je suis un passionné, pour faire ce métier il faut l’être, avoue-t-il d’entrée. Même si certains disent faire du foot pour du foot, moi ce n’est pas le cas. Il ne faut pas oublier que le fait de se lever le matin et de pratiquer le foot en tant que métier, c’est juste un privilège, on ne peut pas s’en plaindre. Il y a des personnes qui souffrent, nous on a un super environnement, des personnes autour de nous qui sont adorables ; On a la soleil, on vit de notre passion, ça ne peut qu’être magnifique. » D’emblée, ça pose un homme comme on dit.
Son parcours, Yacouba Sylla l’a débuté à Etampes, en région parisienne, où il est né. « J’ai commencé le foot à 7 ans, au départ en suivant mon grand frère qui, après avoir été professionnel dans les pays du Maghreb joue aujourd’hui attaquant à Viry-Châtillon en CFA, raconte-t-il. J’ai également un petit frère qui, lui, évolue chez les U19 de l’AS Monaco et qui est aussi attaquant. » Une histoire de famille donc… Ironie du sort, c’est d’ailleurs au poste d‘attaquant que Yacouba s’est fait remarquer au point d’intégrer le Centre de Formation de Caen à 17 ans et demi. « Durant cette période, je marquais des buts, sourit l’intéressé. J’ai fait deux ans là-bas à alterner U18 et CFA. »
Au bout du chemin, pas de contrat pro à Malherbe. Le précieux sésame sera finalement obtenu quelques mois plus tard : plus bas sur la carte de France (à Clermont), mais aussi sur le terrain où Yacouba explose au poste de milieu de terrain défensif. Sous les ordres d’un certain Michel Der Zakarian, ce milieu défensif solide, infatigable râtisseur de ballons et capable de se projeter vite vers l’avant, a enchainé les matchs en Auvergne. « J’ai débuté avec la CFA 2, puis j’ai intégré l’effectif pro au bout de 6 mois, se souvient-il. On a vécu une superbe saison en dominant le championnat de Ligue 2 pendant 7 mois, on était une bande de potes, tout se passait bien, et au final on finit 4e. C’est sûrement, à la fois le meilleur et le pire de mes souvenirs. »
Une ascension express qui lui a aussi valu d’être appelé en Equipe de France Espoirs où il a notamment côtoyé Rémy Cabella et Benjamin Stambouli avant de lui ouvrir les portes quelques mois plus tard d’un transfert vers l’Angleterre et le club d’Aston Villa. « Je suis passé de Clermont, un des plus petits budgets de Ligue 2, à un club mythique d’Angleterre, raconte le nouveau n°5 du MHSC qui a même été élu homme du match face à Chelsea pour une de ses premières rencontres de Premier League. Je n’avais pas un grand bagage, mais j’ai pas mal joué la première année. » La suite de ses voyages footballistiques l’a mené en Turquie lors de l’exercice 2014-2015 (où il a été prêté à Kayseri Erciyesspor par Villa) – « j’ai fait preuve de trop d’impatience, j’ai demandé à être prêté et j’ai atterri en Turquie » - puis à Rennes où il a disputé 20 matchs l’an passé.
Débarqué cet été au MHSC où il est prêté un an par le club breton, Yacouba Sylla ouvre donc une nouvelle page de sa carrière dans l’Hérault qu’il espère belle et remplie de bons souvenirs. Une chose est sûre, il aborde ce nouveau défi avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. « Le MHSC est un club qui me correspond. Il y a beaucoup de clubs qui prétendent être famille mais d’entrée, on ressent qu’ici c’est vraiment le cas. Dès le matin, on a un contact avec les gens qui y travaillent. Ça respire la bonne humeur ; beaucoup de clubs devraient s’en inspirer, détaille-t-il. Sur le plan sportif, les discours combinés du coach, du directeur sportif et du Président m’ont convaincus. Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui. »
De sa nouvelle équipe, l’international malien avoue connaitre plusieurs joueurs - « parce que j’adore suivre le foot à la télé » - dont Ryad Boudebouz mais reconnait un focus particulier sur Souleymane Camara. « Je suis son parcours depuis tout petit, notamment lorsqu’il portait les couleurs du Sénégal. Sa carrière me subjugue encore aujourd’hui. », souligne Yacouba. « Avec Vitorino Hilton, leur longévité est un exemple. Sur un plan plus global, en arrivant ici, j’ai été surpris d’avoir un groupe aussi réduit, car à Rennes nous étions 40. Je trouve ça intéressant. Ça permet de travailler individuellement et de manière beaucoup plus ciblée. Le groupe a beaucoup de qualité, il est sur une bonne dynamique collective depuis la fin de saison dernière et je pense que nous pouvons faire quelque chose d’intéressant. Après c’est trop tôt pour fixer des objectifs chiffrés. »
Pour sa première apparition sous le maillot montpelliérain la semaine passée à Guingamp, Yacouba Sylla a montré de belles qualités. L’occasion d’évoquer ses objectifs personnels cette saison. « Je dois continuer à progresser dans tous les domaines et notamment dans l’application, les contrôles, les passes, pour gagner un temps d’avance ainsi qu’au niveau de ma projection vers l’avant, explique le milieu de terrain Héraultais. L’objectif c’est vraiment d’avoir un maximum de temps de jeu pour progresser car le joueur qui joue c’est celui qui progresse. J’espère que l’on va passer une très bonne saison tous ensemble et atteindre nos objectifs en toute sérénité et dans une bonne ambiance de travail. »
Dans son calendrier de la saison sportive 2016-2017, Yacouba Sylla a également coché la période du 22 janvier au 12 février au cours de laquelle il va disputer la Coupe d’Afrique des Nations avec le Mali dont il est le capitaine. « C’est une compétition très importante, surtout aujourd’hui quand on connaît les difficultés du Mali. Un bon parcours de la sélection procure beaucoup de joie au peuple malien qui vit une période difficile. C’est une motivation supplémentaire, un devoir aussi. C’est ce qui donne de la force au quotidien. »
Du plaisir, Yacouba Sylla espère évidemment en donner à ses nouveaux supporters qu’il va découvrir dimanche contre Nice. « Nice est une équipe très jeune, qui a gardé son principe de jeu, avec un milieu de terrain qui aime avoir la possession. C’est une formation en reconstruction qui a perdu des joueurs de valeur comme Ben Arfa, Mendy et Germain, mais qui a recruté des éléments très expérimentés comme Belhanda, Balotelli ou Dante, souligne-t-il. Maintenant, je pense que nous avons les moyens de les gêner. Si on reste fidèles à nos principes, que l’on joue notre jeu en étant rigoureux et entreprenants, on peut faire quelque chose de bien », ajoute-t-il avant de conclure. « Concernant les supporters du MHSC, je leur dirai simplement que je suis ravi de les rejoindre et j’espère que très bientôt on pourra célébrer des victoires ensemble et les faire vibrer. On a besoin de notre public. C’est à travers eux que l’on sent que nous sommes poussés. Les supporters, c’est un plus et j’ai hâte de les découvrir. » Eux-aussi à n’en pas douter…
